62 LES BORDS DU RHIN.pitale de TOrtenau, ville déchue qui a perdu sa majesté,mais qui a gardé sa gràce. Les antiquaires et les artistes neregretteront pas le temps qu'ils Iui auront donné; ils admi-reront surtout, non loin de la ville, le chàteau d'Ortener,ancienne rèsidence des souverains de I'Ortenau, reconstruittel qu'il Etait au quatorzième siècle. Les curieux, les poöòtes,recueilleront dans cette contrée de naives légendes attachéesà toutes les ruines, suspendues à toutes les montagnes, pen-chées sur les bords de la Kinzig, rivière aux flots argentés.Du cbté de Fribourg, ce sera la légende de sainte Odille,si célèbre jadis dans EAlsace et dans le margraviat deBade.Odille était fille d'un duc d'Alsace. Son père voulait lamarier contre son inclination, elle s'echappa du manoir pa-ternel, traversa le Rhin et gravit une des montagnes duBrisgau. Le duc, à la téte d'une troupe de cavaliers, SEtaitmis à la poursuite de la fugitive, et il était sur le point deVatteindre; alors Odille se mit à genoux, éleva ses mains auciel et scria:(Dieu tout puissant! sauvez-moi et je jurede consacrer à votre service le reste de ma vie.„Dieu en-tendit cette prière, une roche s'ouvrit et enveloppa la jeunelille qui, du fond de cet impénétrable asile fit entendre savoix à son père et le conjura de respecter la protection c6-leste. Le due se rendit. Odille sortit de la roche pour entrerdans un couvent, et de Lasile que Dieu lui avait fait s'Elançaune source d'eau pure qui guérit les yeux malades et qui