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Ie viens de recevoir la Votre du 30 Septbre, dont Vous avez bien voulu m'honorer& ie m'empresse d'y repondre, voiant que Vous n'avez eté entierement informé par M. Eckel de Straßbourg sur le manuscript en question: il aurait pu Vous dire, comme il le savait, quil ne sera vendu a meins de troiscents Louisd'ors, ou 7200 francs en ôr. Ie pense, d'apres l'Offre que Vous en avez fait, que Vous trouvez le prix trop haut, pour en faire l'acquisition pour la biblio- theque nationale, que l'on forme dans Votre pays. Quand a l'authenticité du Manuscript , il est presque impossible que quelqun puisse former aucune doute la dessus. L'abbaye princiere de Lindau fut fondé l'an 810 par le Comte Adalbert de Linzgau, et le diplôme de l'empereur Louis de 866. lui assura la possession de l'Isle dans laquelle elle prit son siege. L'evangeliaire en question a touiours eté regardé comme un don de Louis I. fils de Charlemagne; aussi n'y avait il dans ce tems la, qu'un monarque qui aurait pu faire un don aussi precieux: dans toutes les occasions publiques ce livre fut toujours porté devant la princesse-abbesse,& il en est question dans diferents imprimés de l'avant dernier siecle. A la secularisation du chapitre( 1503), les dames channoinesses se sont partagés les tresore de l'antequité qu'elles possedaient, le livre en question devint le partage de la channoinesse Antoinette d'Enzberg. aprés sa mort, j'appris que les heritiers voulaient s'en defaire& qu'ils l'avaient confié a un iouailler de Constance, pour en faire estimation. La peur, qu'il ne tombat entre les mains des juifs, me l'a fait acheter& si je le vends, ce ne sera iammais que pour le placer en un endroit, ou sa conservation, me paraitra assurée.
Monsieur!